mercredi 3 avril 2013

Cahuzac : le Front national lui dit merci

A qui Jérôme Cahuzac, ex-ministre du Budget, a-t-il, en définitive, menti (sur son compte bancaire en Suisse) ?
Pas seulement au président de la République française, au Premier Ministre et à ses collègues du gouvernement. Pas seulement aux députés présents ce jour-là à l'Assemblée nationale.
Non. Ce représentant du peuple a regardé la France dans les yeux et a nié avoir un compte en Suisse. Et, cerise sur le gâteau de l'infamie, il a accusé les journalistes de Mediapart de raconter n'importe quoi, de mal faire leur boulot, soutenu en cela par le donneur de leçons abstentionniste (il a avoué ne pas voter pour garder son objectivité, NDR, sic) Jean-Michel Aphatie :
"Qui accuse Cahuzac ?" se demandait Aphatie dans un éditorial vidéo à la mi-décembre 2012. "Mediapart, un site d'information... Ce site ne montre pas ses preuves ou ses témoignages. Sauf un enregistrement qui date de plus de dix ans [...] Une voix bizarroïde. J'ai cru entendre que c'était Donald,mais on nous dit que c'est Cahuzac. C'est pas un élément de preuve. Le journalisme c'est un métier, mal fait, on est tous des mauvais journalistes, quand on affirme, on prouve. [...] Accuser sans prouver, c'est léger. Mais il y a plus, beaucoup de journaux ont repris l'information [...] Nous sommes entrés dans un raisonnement assez pervers ou l'accusé doit prouver son innocence. C'est un recul de civilisation... [...] C'est le début de la barbarie, le début du totalitarisme... [...]" Et de conclure sur "la pente nauséabonde" sur laquelle "nous sommes". "Sans incriminer personne."
Cette saillie d'Aphatie pourrait demeurer au niveau de l'anecdote si le commentateur politique de RTL et Canal+ n'avait pas utilisé des grands mots comme "civilisation, "barbarie" et "totalitarisme".
Car, aujourd'hui, à qui profite le crime, ce mensonge que d'aucuns voudraient qualifier d'Etat ?
Oh, certainement pas à François Bayrou (MoDem), qui tente de se donner une aura de Monsieur Propre en estimant que les dégâts provoqués par le "scandale" de l'affaire Cahuzac sont "considérables et dévastateurs pour le monde politique français".
Il a raison. Personnellement, je ne gobais pas toujours pour paroles d'évangile les propos d'un homme politique. Mais aujourd'hui, le peu de confiance est bel et bien perdu. Il m'est impossible de croire. Hollande et Ayrault affirment qu'ils ne savaient pas, regardant la France au fond des yeux cathodique : je ne les crois pas et je m'en fous. Mon seul moyen de leur faire savoir à tous sera, aux prochaines élections, l'abstention (ou le vote blanc dès qu'il sera reconnu en tant que tel).
Las, ne pas se rendre aux urnes pour voter (contre) donnera la part belle et permettra l'arrivée au pouvoir d'un parti, qui, depuis de nombreuses années, clame haut et fort (entre autres) "tous pourris !" Le Front national, qui a estimé, dans un communiqué, que "le président de la République et le gouvernement ne pouvaient ignorer le fond de cette affaire et ses conséquences prévisibles". En substance, tous pourris, qu'ils vous disent. En perdurant dans cette attitude, en continuant d'arpenter ce chemin balisé par ses soins depuis des lustres, le parti d'extrême-droite va récupérer, sans coup férir, les fruits de la vindicte populaire.
Et là, on verra si monsieur Aphatie aura le droit de prendre des poses offusquées et de se gargariser de grands mots comme "civilisation", "barbarie" et "totalitarisme".

1 commentaire:

  1. L'analyse à deux balles ci-dessus est à reconsidérer.
    En effet, aux dernière nouvelles, Marine Le Pen savait pour la compte suisse de Cahuzac, qui a été ouvert par un poche de la présidente du FN, qui l'aurait affranchie.
    Je suis peut-être parano, vois le mal partout mais, tout de même, cette affaire tombe à point nommé : la gauche socialiste au pouvoir est anéantie, le FN en prend pour son grade et c'est à peine si le nom d'Eric Woerth est évoqué et égratigné. Pourtant, en matière de casseroles, il en a une collec' celui-là.
    Et pendant ce temps-là, l'actu de la semaine passée (la mise en examen de Sarko pour abus de faiblesse sur mémé Bettencourt), elle passe à l'as.
    Cette affaire Cahuzac et ses développements, c'est tellement du pain béni pour la droite que c'en est louche.

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