jeudi 22 mars 2012

supplément de douleur

Je souhaite, par ce post, m'associer à la douleur du groupe Centre France La Montagne, pour qui, aujourd'hui, l'information principale est... (roulement de tambours)

Unes trouvées sur les site de La Montagne, L'Yonne républicaine,
l'écho républicain et La République du Centre.
... la mort de son P.-d.g., Jean-Pierre Caillard, emporté dans la nuit de mardi à hier par une crise cardiaque.

Et comme il me reste encore un peu de douleur, je veux la consacrer à... (clash de cymbales)

Une de Libération daté du 20 mars 2012 (document D.R.).

Parodie nécessaire d'une publicité pour un opticien-lunetier
par Klaire Fait Grr (document D.R.).
... et, en grande partie, à une proche amie qui a récemment perdu son second enfant en fausse couche.
Désolé, j'ai moi aussi mes priorités affectives et l'intérêt du lecteur passe après.

mercredi 21 mars 2012

la France a peur, moi aussi

En 2007, Sarkozy avait, notamment, fondé sa campagne sur le thème de l'insécurité. Une simple question aurait pu mettre la puce à l'oreille des électeurs (objectifs) : que n'avait-il profité de son passage au ministère de l'Intérieur pour résoudre le problème?

Tremble France ! L'impie est à nos portes. Tu n'es nulle part en sécurité. (Photo AFP)
Cette année, un fait divers (opportun) vient, une nouvelle fois, transfigurer la campagne de la présidentielle. Et là, comme disait Roger Gicquel, la France a peur ; une fois de plus, surtout que le Président Sarkozy - il a, en signe de recueillement, suspendu sa campagne pour quelques jours donc ne s'exprime pas en tant que candidat - a rappelé, hier, à des collégiens, que ces petits enfants juifs tués à Toulouse (Haute-Garonne), ç'aurait pu être eux. Sous-entendu : vous n'êtes à l'abri nulle part, c'est l'insécurité la plus totale.
Et là, je pose de nouveau la question : comment se fait-il qu'en cinq ans de règne, Sarkozy et son gouvernement n'aient pas réglé le problème ?
Redonner cinq années à Sarkozy parce que vous êtes effrayés ne conduira qu'à une issue : un état plus policier (1). Et là, c'est moi qui aie peur... de la sourdre dictature qui pointe.

N.B. : ce matin, à propos du meurtrier présumé de Montauban et de Toulouse, ministres de l'Intérieur et de la Défense ne semblent pas accorder leurs violons. Guéant (2) dit que le suspect était suivi depuis longtemps, qu'on le savait dans une cellule (terroriste islamiste) d'opinions ; Longuet (3) prétend tout autre chose. Ca sent la mauvaise connexion entre services de barbouzes, c't'affaire ; comme les ratés yankees avant le 11 septembre 2001.

(1) Jean-Michel Apathie, sur RTL : « Des morts auraient-ils pu être évités ? »
Gérard Longuet, ministre de la Défense : « Je ne le pense pas, sauf à transformer la France en Etat policier. »
(2) Claude Guéant, ministre de l'Intérieur : « Cette personne a effectué des séjours en Afghanistan et au Pakistan dans le passé, c’est quelqu’un qui a des attaches avec des personnes qui se réclament du salafisme et du jihadisme. » (www.liberation.fr) Il « était suivi depuis plusieurs années par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, NDR) et ses agents toulousains mais jamais aucun élément de nature à (faire) penser qu'il préparait une action criminelle n'était apparu. » (www.ladepeche.fr)

(3) J.-M.A. : « La surveillance des personnes qui vont en Afghanistan, qui reviennent ensuite en France, doit-elle être plus sérieuse, renforcée après cet épisode ? » [...]
G.L. : « Elles sont naturellement... Elles font l'objet de suivis. Cette personne, manifestement, ne s'était en rien signalée d'une façon ou d'une autre. »

vendredi 16 mars 2012

martyr, c'est pourri un peu

Bon, je ne suis pas un analyste politique réputé - je me situe plutôt dans la catégorie vox populi, autrement dénommée avec condescendance et dédain affiché par les journalistes politiques parisiens et rédacteurs en chef provinciaux qui se la pètent "Café du commerce" ou "psychologie de comptoir".
Mais voilà quand même ma fine 'nalyse sur le Front national et sa candidate à l'élection présidentielle, Marine Le Pen.

Quelle est la finalité de Marine Le Pen - je dis bien de Marine Le Pen et non pas du FN - en cette année présidentielle ?
De reconstruire. De se faire une virginité, d'effacer l'encombrante aura du père, de lisser le propos et, in fine, de compter les oeufs restants (les pas cassés, les fêlés et les pourris aussi, hein, Germaine !) dans le grand panier du Front national. Et ce afin d'avoir des bases sûres et solides pou la prochaine croisade.

Donc, de quoi a besoin Marine Le Pen en 2012 ?
De 500 signatures pour être qualifiée et faire ses minimas de 5% et toucher le pactole qui empêche la ruine du FN - essayez, vous, de reconstruire une baraque sans pognon !
De ne pas être au second tour pour éviter des dépenses inutiles et une exposition médiatique trop préjudiciable.
Une fois le ménage fait et la maison solide, on vire la photo du pépé Jean-Marie du mur et, fort d'un pourcentage de l'électorat, on continue la bataille.

Alors, oui, les 500 parrainages permettent à ce parti fasciste de subsister et c'est honteux. Mais ils empêchent aussi Marine Le Pen de se poser en martyr de la démocratie, technique ô combien éprouvée par son géniteur - parce que ça ne fait aucun doute, elle est bien sa fille.
Bon, on sait, historiquement, quel temps de martyre il a fallu à Jean-Marie Le Pen pour réaliser son fait d'armes de 2002 ; et rien ne dit qu'il faudrait, dix ans après cette heure de gloire frontiste, un tel chemin de croix à la nouvelle führeuse (fourreuse ?) du parti pour rééditer l'exploit - voire davantage.

Mais oui aussi, quand la peste (brune) est insidieusement cachée, elle n'en est pas moins dangereuse ; elle est plus accablante car on ne s'y attend pas et, quand elle attaque, la population n'est pas préparée. Et le principe de précaution, dans ce cas-là, je suis franchement pour.

au fond du trou

La scène se déroule en 1974, en plein choc pétrolier ("En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées" comme le Gaspi), en période de crise avec le sombre spectre du chômage qui plane en ces temps-là.
Devant cet afflux de demandeurs d'emploi, la télévision régionale (la troisième chaîne, comme on l'appelait alors) vient faire un reportage dans ma ville au taux de chômage déjà remarquablement conséquent. L'équipe de FR3 pose alors ses quatre membres - à l'époque, la technologie et les forces syndicales permettaient encore qu'il y ait un journaliste rédacteur, un journaliste reporter d'images, un sondier et un éclairo - aux abords de l'ANPE locale et interroge des passants.
Une dame, foulard noué sous le menton (il n'est pas question, ici, de religion mais plutôt d'une mode campagnarde et "babouchkesque" destinée à maintenir en vie la mise en plis le plus longtemps possible) et cabas à la main, est accostée et questionnée sur la fragilité de l'emploi. "C'est la faute aux étrangers, argue-t-elle, ils prennent le boulot des Français !" Déjà...


Fernand Reynaud - Le raciste - 1972 - Fr par eclusier

Et là, dans la foulée, comme un coup fomenté (salaud de journaliste !), le caméraman zoome arrière, faisant rentrer dans le cadre un ouvrier d'origine maghrébine (à l'époque, on disait encore un bougnoule ou un raton) en train de creuser une tranchée dans le trottoir, près de l'ANPE - non, ce n'était pas pour l'ADSL ni pour enterrer les lignes électriques et téléphoniques, tout au plus, une canalisation d'eau ou de gaz. Enfin, bref, l'ouvrier suait sang et eau à éventrer le bitume à coups de pioche avant d'en sortir les gravats à l'aide d'une pelle.
"C'est pas un travail
pour un Français !"
"Et son travail, à lui, vous le feriez ?" lance, machiavélique, le journaliste à la matrone.
"Ah ben non ! s'emporte la bonne femme. C'est pas un travail pour un Français !"
La très grosse différence, aujourd'hui, dans le discours du Front national (et de l'UMP), c'est que les étrangers piquent toujours le boulot des Français (de souche) mais qu'il ne faut surtout pas dire que le Français (de souche et de droit) n'en veut toujours pas de ce boulot pourri et mal payé.
Pourtant, depuis, le marteau-piqueur s'est généralisé ; on creuse même des tranchées avec des mini-tractopelles conduit par un O.S. (ouvrier spécialisé) dûment formé - et toujours mal payé, je vous rassure.
Et surtout, la très grosse différence aujourd'hui, c'est que la dame a toujours le même discours mais maintenant, elle est fière de dire que Marine va changer tout ça.
Mais l'ultime différence, celle qui est à peine visible, c'est que désormais, il n'y a plus qu'un journaliste-technicien pour tout faire : la technologie et la course à la rentabilité-productivité a permis que, des quatre membres de l'équipe de 73, trois se retrouvent au bord de la route, juste à côté du mec au fond du trou...

l'abonné au téléphone pleure

Cloclomania oblige, à l'occasion de la sortie du film biographique, avant-hier, sur Claude François, notre Président-candidat, Nicolas Sarkozy, s'est laissé aller à une confidence populiste - pardon, de personne modeste : sa chanson préférée est... Le Téléphone sonne !
C'est France Inter qui doit être ravi(e) de cette promotion inattendue pour son émission de début de soirée.
Quant à moi, monsieur le Président-candidat, ma pas chanson préférée est "le téléphone ne sonne pas et je pleure".
Enfin, si, il sonne le téléphone... Cependant, au bout du fil, ce n'est pas un des nombreux recruteurs à qui j'envoie lettres de motivation et C.V. mais plutôt une personne sous-payée par une entreprise de "téléphoning" pour faire chier le monde n'importe quel jour à n'importe quelle heure !

jeudi 15 mars 2012

38 centimes

Monsieur le président de la République française et candidat à sa réélection,

J'ai bien suivi vos conseils de faire jouer la concurrence entre les distributeurs de carburants.

Je suis allé chez Monsieur Carrefour Market où le litre de gasoil était affiché à 1,379 euro ; je lui ai dit : "Chez Total, à 23,5 km d'ici, le litre est à 1,313. Si vous ne me faites pas un meilleur prix, je vais faire mon plein là-bas !
- Faites donc, cher monsieur", m'a répondu monsieur Carrefour Market.

J'ai donc mis ma menace à exécution : les 60 litres de gasoil m'ont coûté 78,78 euros. Mais pour faire ce plein, j'ai fait 47 kilomètres (environ).
Or, l'ordinateur de bord de mon véhicule, sur ce trajet, m'a pondu une consommation de 5,8l/100, ce qui m'a fait user 2,726 litres de carburant à 1,313 = 3,58 euros à la louche.
Si j'avais fait le plein chez monsieur Carrefour Market, j'aurais payé 60 x 1,379 = 82,74 euros.

Grâce à vos judicieux conseils, Monsieur le Président, j'ai donc réalisé une notable économie de 82,74 - 78,78 - 3,58 = 38 centimes !

Reste que côté temps (environ 50 minutes de route pour aller faire le plein), je n'arrive toujours pas à chiffrer si ces 38 centimes économisés valaient vraiment le coup...

mardi 13 mars 2012

mauvaise foi et mémoire courte (et sélective)

Paris, décembre 2007. Tous ces petits gestes attentionnés à l'égard du pas encore dictateur Kadhafi,
Sarkozy a dû être bien dégoûté de les faire (photos D.R.).
Je suis colère, supervéner, j'en trépigne ! Et pourtant, je n'ai pas regardé TF1 hier soir...
Rappel des faits (article trouvé sur lemonde.fr) :
Nicolas Sarkozy a catégoriquement rejeté, lundi 12 mars, les accusations évoquant un éventuel financement de sa campagne électorale de 2007 par l'ancien dictateur libyen, Mouammar Kadhafi.« C'est grotesque », a-t-il déclaré, lundi soir, sur TF1. « S'il l'avait financée (la campagne, ndr), je n'aurais pas été très reconnaissant », a ironisé le président-candidat, en allusion à l'intervention française en Libye, ajoutant que Saïf Al-Islam, un des fils de Mouammar Kadhafi ayant également porté ces accusations, était « connu pour dire n'importe quoi ». « Monsieur Kadhafi [...] avait même dit qu'il y avait des chèques. Eh bien, que son fils les produise », a déclaré Nicolas Sarkozy. « Je suis désolé pour vous que vous soyez la porte-parole du fils de Kadhafi, franchement, je vous ai connue dans un meilleur rôle », a-t-il également reproché à Laurence Ferrari, la journaliste de TF1 qui lui posait la question. « Je suis désolé que, sur une grande chaîne comme TF1, on doive m'interroger sur les déclarations de monsieur Kadhafi ou de son fils. Quand on cite monsieur Kadhafi, son fils, monsieur Kadhafi qui est mort, son fils qui a du sang sur les mains, qui est un régime de dictateurs, d'assassins, dont la crédibilité est zéro, et quand on reprend à son compte les questions qu'ils posaient, franchement je pense qu'on est assez bas dans le débat politique. »
Bon, Monsieur le chef de l'Etat, expliquez-moi : en décembre 2007, quand vous l'avez reçu à l'Elysée, Khadafi n'était-il pas un dictateur ? Quand la République française a permis à monsieur Kadhafi et sa clique de planter la tente dans les jardins de l'hôtel Marigny, c'était juste un touriste fortuné pour qui le camping du bois de Boulogne n'était pas assez chic ?

Paris, décembre 2007. Un tente a été spécialement installée dans les jardins de l'hôtel Marigny
à l'attention de Mouamar Kadhafi (photo Meigneux / Sipa).

mercredi 7 mars 2012

viandards

Coupe d'étourdisseur
Matador (document D.R.).
La vraie question n'est pas de savoir si la viande dans votre assiette est halal, casher ou fan - de son vivant - des Garçons Bouchers (mais moins fan après, forcément).
Les deux seules vraies et tolérables interrogations sont :
- cette viande est-elle bonne ?
- combien me coûte cette viande (et, sous-jacent, ai-je les moyens de m'en payer) ?
Qu'importe, en effet, que l'animal soit étourdi ou pas avant la mise à mort s'il a été nourri, lors de sa courte vie, avec de la merde - littéralement : aux Etats-Unis, il n'y a pas un poil d'herbe dans certains immenses parcs à bestiaux d'élevages intensifs de bovins et après, on s'étonne que des bactéries merdiques se retrouvent dans le steak, tueur de p'tits enfants (cf. film Food, Inc.).

A ce stade, permettez-moi un aparté, en forme d'anecdote vécue.
La scène se passe dans un bloc sanitaire d'un camping vauclusien, à l'heure où les grands mâles s'ôtent la mousse sur les joues à coups précis de double lames (minimum).
Le facho : "Vous avez vu ce qu'ils font aux bêtes les halals (comprendre : les arabes, tous des musulmans terroristes qui piquent le boulot des Français ou vivent sur les allocs, NDR) ? Moi, j'viens d'Grenoble, alors..."
Moi : "Non, je ne vois pas de quoi vous parlez."
Lui : "Mais si ! Allez sur Internet et vous verrez la vidéo."
Moi : "Vous savez, s'il fallait croire tout ce qu'on voit ou lit sur Internet. L'information, ça se vérifie avant de la prendre pour argent comptant."
Lui : "Oui mais quand même, c'est dégueulasse ce qu'ils font à ces pauvres bêtes, les halals..."
Moi, me hâtant de me raser - mes joues se rougissant plus de colère que d'irritation de la lame - pour me casser de cette ambiance puante avant de lui mettre ma main sur la gueule : "Moi, j'en mange de la viande halal."
Lui, interloqué : "..." Puis suspicieux : "Vous mangez de la viande halal ! Mais pourquoi ?"
Moi : "Parce que c'est moins cher. Et que, vu la crise et ma situation financière, si je veux encore manger de la viande, je préfère la payer deux fois moins chère (prix constatés, à l'époque, sur les côtes d'agneau et les merguez, entre mon boucher halal et l'hypermarché voisin, NDR). Sans compter qu'elle est abattue près de chez moi, dans de bonnes conditions d'hygiène et que côté traçabilité, c'est nickel."
Rideau !
J'aurais pu me lancer dans l'évocation de l'abattage traditionnel bien français, celui où les bovins et équins sentent la mort proche - ça se voit dans leurs yeux affolés - juste avant le coup de Matador (étourdisseur), celui où on pousse les porcs dans la chambre à gaz à coups de bâton-pile 250 volts dans le cul, celui où les moutons suivent une chèvre au carreau d'abattage comme les électeurs du FN suivent la voix de leur maîtresse et de leur haine partagée...

Faux débat donc que cette viande confessionnelle : je ne suis pas le seul non-musulman à acheter des grillades halal à l'époque estivale des barbecues. Et ce pour une question de prix... et de qualité !
Donc, politicards-viandards, ramenez donc le débat sur de meilleurs chemins, ceux des vraies préoccupations de votre base électorale : les sous et la (bonne) bouffe, se mettre les pieds sous la table, sous un toit chauffé, avec la satisfaction d'un travail accompli et rémunéré à sa juste valeur.
Et pour celles et ceux qui ont encore peur de manger de la viande pas bien d'chez nous, celles et ceux qui prétendent que la viande halal n'a pas le même goût parce qu'elle est saignée vivante, achetez du porc ! En plus, même chez votre boucher traditionnel et dans les rayons de votre hypermarché suceur de porte-monnaie, c'est moins cher que le bovin ou l'ovin ; et ça fait vivre les Bretons et les Auvergnats et les Corses.
Quant à mes ami(e)s végétarien(ne)s - et j'en connais de plus en plus -, j'imagine qu'elles et ils votent aussi et s'en foutent royalement de cette polémique de viandards.