vendredi 30 mai 2014

ces Molières qu'on assassine

En continuant ma lecture du Télérama n°3359 (voir papier sur Depardieu), je tombe, page 102, sur l'article d'annonce de la 26e nuit des Molières, qui sera diffusée sur France 2, ce lundi 2 juin, à partir de 22h16 (nous ne nous gausserons point du respect de l'horaire sur la service public, ce n'est pas là le sujet, NDR).
J'y apprends que :
1. cette cérémonie sera présentée par Nicolas Bedos ;
2. "[...] la durée des remerciements (des primés, NDR) est limitée à une grosse minute. Si un artiste ne veut plus lâcher le micro, une musique se déclenchera et s'amplifiera." ;
3. "Le choix de diffusion en léger différé doit aussi permettre quelques coupes franches en cas de « bide noir »."
Commençons par rendre hommage aux nominés en vous suggérant de cliquer sur ce lien - parce que je ne vais tout de même pas plomber ce billet par une liste rebutante alors que d'autres sites le font si bien à ma place et que c'est mon blog, je fais ce que je veux, na !

Le Zeller et les deux Michalik, grands favoris de la 26e nuit des Molières
(affiches D.R.).
On notera, néanmoins, qu'au chapitre théâtre privé, Le Père, de Florian Zeller, et Le Cercle des illusionnistes, d'Alexis Michalik, glanent cinq nominations chacune, le sieur Michalik en récoltant trois de plus avec Le Porteur d'histoire. Côté théâtre public, avec trois nominations chacune, les pièces Invisibles, de Nasser Djemaï, et Paroles gelées, de Jean Bellorini, peuvent espérer quelques statuettes de Jean-Baptiste Poquelin.
Bien, reprenons les trois points dans l'ordre...
1. Que Nicolas Bedos présente la nuit des Molières, pourquoi pas. Après tout, ce ne pourra être pire que le Palmarès du théâtre qu'on nous a infligé l'an dernier, avec les sketches pitoyables du duo Philippe Lellouche et Laurent "directeur de la Maaf" Gamelon - qui, au demeurant, est fort sympathique et, avec ses mimiques à la Bernard Blier, pourtant un foutu bon comédien dans certains registres.
Et puis, après tout, Nicolas Bedos est aussi légitime pour présenter une émission de théâtre que Marie Drucker les Victoires de la musique classique (ces gens-là me semblent être sous contrat avec France Télévisions, j'imagine qu'il faut justifier leurs salaires).
2. Bon, OK, les remerciements sont souvent mal préparés, dits sous le coup de l'émotion, citent une flopée de noms de gens qu'on ne connaît ni d'Eve, ni d'Adam ; bref, c'est chiant et « [...] je demande au théâtre de se serrer la ceinture des remerciements afin que l'émission soit regardable », s'amuse Nicolas Bedos (source : Télérama). Chiant mais indispensable. Si tu ne remercies pas publiquement ceux qui ont cru en toi et donné des brouzoufs, du temps, des idées, du travail, etc. pour que tu montes ton spectacle, la prochaine fois, tu peux limite "go fuck yourself !"
Là, reprenons les cas particuliers de Florian Zeller et d'Alexis Michalik. Imaginons que l'un ou l'autre nous fasse le grand chelem - Florian Zeller pouvant monter sur scène deux fois (pièce + auteur), Alexis Michalik, quatre fois (pièce + auteur + metteur en scène + création visuelle).
Bon, pour Florian Zeller, ça va être plus simple : la première fois, il remercie tout le monde avec un débit de mitraillette et la seconde montée, il dit un simple merci, rajoute un truc qu'il a oublié de dire la première fois et conclut par une phrase bien sentie et très théâtrale.
Pour Alexis Michalik, ça va être plus coton : les deux premières fois, il peut faire comme Zeller ; la troisième, je le connais, il va pousser la chansonnette ; et la quatrième, il va sourire, esquisser un haussement d'épaules signifiant "c'est trop, c'est trop, je ne sais plus que dire", inviter toute sa bande à le rejoindre sur scène et là, patatras, "une musique se déclenchera et s'amplifiera".
Tiens, Nicolas Bedos, c'est cadeau : voilà ce que ça aurait pu donner de te couper la parole après une minute lors de ton interview par Nikos Aliagas sur Europe 1.



Ou alors, Alexis Michalik peut la jouer fine et étaler ses remerciements sur quatre fois une minute ; mais là, il prend un sacré risque.
3. Aaahhhh... Le "léger différé" (cérémonie enregistrée dès 19 heures, diffusion à 22h16 !) pour rythmer une émission de télévision. Très utile aussi pour couper au montage les interventions inopinées d'intermittents du spectacle. Le direct comporte tellement de dangers qu'on peut éviter, n'est-ce pas. A l'origine, je suis déjà totalement contre ce bidouillage qui consiste à masquer la réalité, la vérité au téléspectateur. Mais là, dans ce cas précis de la 26e nuit des Molières, la fête du théâtre, je suis carrément outré !
Le théâtre, contrairement au cinéma et à la majorité des émissions de télévision, c'est le SPECTACLE VIVANT.
Quand on monte sur scène, on se met en danger. Le public en a (sub)conscience. D'aucuns espèrent même l'anicroche pour voir comment les comédiens vont s'en tirer.
L'acteur aussi est averti que tout peut arriver, s'y prépare, maîtrise son sujet. Prévoit l'imprévisible. Le travail est le maître-mot. Il n'y a pas de réalisateur pour hurler : « Coupez ! On la refait... » Ou alors, c'est que c'est prévu dans la mise en scène.
Le théâtre vit avec (et de, parfois,) ses erreurs. C'est humain.
Il se peut que, lundi soir, France 2 tue, une fois de plus (certaines captations de pièces ont, par le passé, été diffusées en léger différé, NDR), le spectacle vivant.
Mais seulement à la télévision, heureusement.

SFR, Orange : tous les coups bas sont permis

Samedi 24 mai 2014, 15h45 : coupure soudaine d'ADSL. A partir de ce moment-là, les coupures sont récurrentes et, les rares fois où je retrouve une connexion, celle-ci s'avère extrêmement lente.
Lundi 26 mai, 10h23 : retrouvant un semblant de bande passante, je réussis à signaler, par mail, l'incident. Le robot SFR accuse réception en m'indiquant que je serai contacté dans les quarante-huit heures.
Mardi 27 mai : bien que ma connexion ADSL soit de nouveau à peu près viable, une personne de SFR m'appelle sur mon téléphone portable (pas con, chez SFR, ils ont compris que ma ligne fixe était en rade !) pour m'assurer de l'ouverture d'un dossier d'incident. Une équipe sera envoyée sur le terrain ; celle-ci m'appellera - le lendemain, mercredi, ou vendredi, jeudi de l'Ascension oblige - sur mon portable pour me prévenir de leur intervention.
Mercredi 28 mai, rien.

(Photos et logos D.R.)
Vendredi 30 mai, 10h13, un SMS de SFR : "SFR box et fibre : un Web Trotter de prêt est disponible à l'espace SFR proche de chez vous. (Chèque de caution nécessaire)." Notons que l'espace SFR le plus près de chez moi, c'est juste quarante bornes aller-retour...
11h10 : plus de connexion ASDL - alors que je suis en train d'envoyer un mail important et urgent !
11h20 : un camion-nacelle s'arrête devant chez moi ; aucun des deux hommes en gilets orange fluo ne m'adresse la parole ; un d'entre-eux bidouille dans un boîtier sur le poteau électrique au coin de ma clôture.
11h30 : fin de "l'intervention", sans un mot à mon égard, les deux techniciens repartent ; toujours pas d'ADSL.
11h56, retour du camion-nacelle ; les deux mecs disent à peine bonjour, rentrent chez moi, bidouillent la prise téléphonique. Les contacts de la prise sont verts : il faudra que JE la change. Ils remplissent un bordereau Orange, me conseillent de passer chez cet opérateur, me spécifient que si ça ne marche toujorus pas après leur intervention, il me faudra contacter SFR et repartent à 12h09.
12h10 : je relance ma SFR Neuf box ; toujours pas d'ADSL.
12h17 : miracle ! Tous les voyants de ma box sont au vert. Je tente une connexion... et, alléluia, je peux mettre ce billet en ligne.

En attendant, SFR a essayé de me refourguer une clé "Web Trotter" et Orange de me faire passer chez eux.
Si c'est pas malheureux...

jeudi 29 mai 2014

the B team

En France, Pôle emploi distingue cinq catégories d'inscrits :
- catégorie A : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi ;
- catégorie B : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte - soixante-dix-huit heures ou moins au cours du mois ;
- catégorie C : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue - plus de soixante-dix-huit heures au cours du mois ;
- catégorie D : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi - en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie, etc. -, sans emploi ;
- catégorie E : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi - par exemple, bénéficiaires de contrats aidés.
Il faut noter que le gouvernement, quel qu'il soit, lorsqu'il communique les chiffres du chômage, parle uniquement des inscrits de la catégorie A - les vrais chômeurs, purs et durs, qui ne foutent strictement rien... à part chercher un emploi.
Par exemple, quand un demandeur d'emploi accepte une proposition de client mystère dont le temps de travail est de une ou deux heures par mois, il est reversé dans la catégorie B et n'apparaît donc plus dans les chiffres du chômage communiqués aux médias - qui, je vous l'accorde, savent parfois faire leur boulot pour aller chercher les autres chiffres et les diffuser.
Donc, quand je reçois ce type d'offre dans ma boîte mail...

... je sais qu'on veut juste que je passe en catégorie B afin de faire baisser le taux de chômage "officiel".
En détail, sur le site Internet de Pôle emploi, l'offre "distributeur d'annuaires" :
VOUS SEREZ CHARGE(E) DE LA DISTRIBUTION D'ANNUAIRES TÉLÉPHONIQUES A REMETTRE EN MAIN PROPRE ET DANS LES BOITES AUX LETTRES. VOUS SAVEZ LIRE. VOUS POSSÉDEZ UN VÉHICULE EN ÉTAT DE MARCHE+TEL.PORTABLE . HORAIRES DE TRAVAIL VARIABLES ET ÉVOLUTIFS (DE 6H A 25H HEBDO). CDD D'UNE SEMAINE A 1 MOIS.
Donc CDD d'une semaine à un mois avec un horaire variant de six à vingt-cinq heures hebdo, payé 9,53 euros l'heure (le Smic) + frais de déplacement sur la zone de distribution remboursés. Mais comme Pôle emploi n'est pas à une contradiction près, plus loin, dans l'offre, on lit ceci :
Type de contrat : Contrat à durée déterminée de 7 Jours
Oui, le CDD d'un mois a disparu. A moins que celui d'une semaine soit renouvelé dans les termes de la loi ?

33,01 euros brut : t'es plus chômeur !


La seconde offre, "inventoriste", propose trois heures et demie de travail payé au Smic (9,43 euros/heure), vendredi 13 juin, de 5h30 à 9 heures. Et avec ces trois heures et demie de travail (33,01 euros brut au total, remuons bien la petite cuiller dans la plaie), le chômeur est reversé automatiquement dans la catégorie B.
C'est moi ou bien... ça s'appelle faire baisser artificiellement les chiffres du chômage ?

mercredi 28 mai 2014

les formidables aventures de l'ingénieur en chef de Réseau ferré de France

La semaine dernière, un article du Canard Enchaîné révélait que la SNCF avait commandé des TER trop larges pour entrer en gare, nécessitant de raboter 1300 quais - pour un montant avoisinant les 50 millions d'euros tout de même.
Joint par Le Figaro, Réseau férré de France (RFF) a réfuté toute erreur dans les commandes : « Quand nous avons fait les essais avant 2012, nous avons vu qu'il y aurait des travaux à effectuer sur 1300 quais, pour les adapter à l'évolution du matériel roulant. »
Belle solidarité. Tout cela pour couvrir l'ingénieur en chef de RFF, que nous prénommerons, pour plus de commodité, Régis dans la suite de ce billet fort joliment illustré.

(Photo D.R.)
Régis, l'an dernier, avait conçu les portiques d'arrivée d'étape du Tour de France. Las, à Bastia (Haute-Corse), l'autocar de l'équipe Orica GreenEdge s'est coincé sous ce fameux portique.
« C'était prévu, a dit Régis. Il n'y a qu'à raboter le toit de l'autocar. »

(Photo D.R.)
Régis, en bon ingénieur, a conçu lui-même les plans de sa maison. Mais un problème s'est vite posé quand il a été question d'inaugurer les toilettes en y coulant le premier bronze.
« C'était prévu, a dit Régis. Il n'y a qu'à raboter la cuvette des chiottes. »

(Photo D.R.)
Régis est dernièrement parti en vacances. Mais, à peine à deux kilomètres de chez lui, il a eu un petit problème : le pont du tunnel autoroutier était trop bas.
« C'était prévu, a dit Régis. J'ai juste raboté un peu mon camping-car. »
A noter qu'avant d'exercer la profession d'ingénieur en chef de RFF, Régis était architecte. Parmi ses réalisations, notons une maison individuelle à Vienne (Autriche)...

(Photo D.R.)
... et un immeuble à Mériadeck Bordeaux (Gironde).

(Photo D.R.)

détournement de fonds publics

Lu page 16 du Télérama n°3359 (D.R.).
Les Aventures culinaires de Sarah Wiener, oui. Cuisine des terroirs, même si certaines émissions commencent à dater, oui encore. Mais Depardieu sur Arte, non, non et non !
Pour moi, cela s'apparente à du détournement de fonds publics.
Arte est une chaîne de télévision généraliste franco-allemande de service public à vocation culturelle européenne. Cette chaîne est un GEIE (Groupement européen d’intérêt économique), basé à Strasbourg (Bas-Rhin).
Arte est financée à 95% par la contribution à l'audiovisuel public perçue en France comme en Allemagne. La chaîne ne peut recourir à la publicité mais a la possibilité de développer ses recettes propres, en particulier par la recherche de parrainages (source : Arte). Donc, un financement à 95% par l'argent des contribuables.
Suite à l'élection, en mai 2012, de François Hollande (parti socialiste) comme président de la République française, Gérard Depardieu a opté pour un exil fiscal en Belgique (sources : Le Figaro et L'Express-L'Expansion).
Une première émission culinaire depardiesque était en phase de tournage jusqu'à hier, dans le Finistère, dans le pays de Morlaix (sources : Ouest-France et Le Télégramme).
Le quotidien régional Ouest-France nous apprend que c'est la société "Les films d'ici" qui produit une partie des émissions :
« Nous allons réaliser une série de dix films, explique Laura Briand, de la société de production "Les films d'ici". À chaque fois, ce sera un territoire différent. L'idée c'est de valoriser les produits et les paysages.»
Le Télégramme (quotidien régional basé à Morlaix), quant à lui, ne s'est pas limité à cuisiner Depardieu sur la gastronomie (source : blog des frères Pourcel) :
Les élections européennes ont lieu ce dimanche. C’est un sujet qui vous intéresse ?
Je m’en fous des élections. Moi, je suis européen, bien sûr. Je suis même un citoyen du monde. Mais je déteste les gens qui font de la politique. Ils m’emmerdent. D’ailleurs, je n’ai pas voté. Mais je ne dis pas que c’est pour ça qu’il ne faut pas aller voter.
Et le festival de Cannes, comment vous le jugez ?
C’est un festival qui se débat dans l’inculture et l’ignorance par rapport à tout ce qui se passe dans le monde, comme ces guerres, le fanatisme...
Mais vous étiez sur la Croisette, pourtant, le week-end dernier ?
Oui, pour promouvoir United Passion, un film dans lequel j’incarne Jules Rimet (le fondateur de la Coupe du monde de football, NDR) et aussi Welcome to New York [...]
Pour en revenir à la Bretagne, elle vous plaît cette région ?
[...] Même si vous n’êtes pas aidés par le ministère de l’Agriculture qui promulgue des lois idiotes, la Bretagne a cette spécificité de résister encore.
Ça veut dire que vous avez adhéré au mouvement des bonnets rouges ?
Moi, je suis tous ceux qui sont contre les gouvernements. J’adhère à tous ceux qui gueulent. Voilà !
Edifiant... Il ne vote pas, considère que le Festival de Cannes n'a pas de conscience politique (ah bon !) mais y va quand même pour promouvoir ses films pour qu'ils fassent des entrées et que ça lui rapporte du fric et dénigre la politique. Depardieu n'est pas à une contradiction près.
Bien, revenons à nos moutons (de l'île d'Ouessant où Depardieu n'est pas allé).
J'imagine que Gérard Depardieu ne fait pas cette série gastronomique gratuitement. Je conçois que la société de production "Les films d'ici" le rémunère. Ensuite, cette société facture à Arte ces émissions (de quarante-trois minutes de durée chacune), qui seront diffusées à partir de septembre 2015.
Donc, Arte paye en fonds publics une société de production qui verse un salaire à Depardieu l'exilé fiscal. Voilà ce que j'apparente à du détournement.
Certes, je conçois que Depardieu en tête d'affiche va gonfler l'Audimat d'une émission. Mais, mon Arte adorée, en es-tu vraiment réduite à cela ? Ne peux-tu te contenter de réunir, au maximum, 3,2 millions de spectateurs intelligents (source : Libération) ?
Et puis, une tête d'affiche, est-ce nécessaire ? C'est toi, Arte, qui m'a fait découvrir et aimer Sarah Wiener - certes, je craque toujours quand une femme me parle en français avec un accent germanique (Romy Schneider, Marthe Keller, Claudia Schiffer, Franka Potente, Nena, ...). Sarah Wiener qui a, désormais et grâce à toi, sa petite notoriété hexagonale.
Alors, je t'en supplie, Arte, PAS DEPARDIEU !

jeudi 22 mai 2014

Eduardo et le traité transatlantique



Cette publicité Tropicana m'a toujours paru d'une absurdité évidente - comme nombre de pubs, il faut bien le concéder.
Celle-ci, en particulier, met en scène un prénommé Eduardo, visiblement arboriculteur de son état (à moins que ce ne soit un acteur), qui cultive, depuis quinze années, des oranges à jus pour la société Tropicana.
On voit Eduardo vaquer dans son verger au petit matin (ce que laisse penser la lumière rasante du soleil), au milieu des orangers chargés de fruits que des cueilleurs récoltent.
Bon, on ne s'arrêtera pas sur le fait que, normalement, c'est plutôt Bill le patron et Eduardo, l'émigré illégal ouvrier saisonnier...

Captures d'écran de la publicité Tropicana (D.R.).
On sent qu'il les aime fièrement, Eduardo, ses orangers, qui produisent de magnifiques agrumes, gorgés de jus et de soleil - d'ailleurs, Eduardo n'hésite pas à scalper une orange au hasard pour montrer comment qu'elle dégouline de jus qu'il est bon. Et que ses oranges sont un produit exceptionnel.

« Quel con cet Eduardo ! »

Changement de décor : un petit-déjeuner en famille sur la terrasse ensoleillée où il fait bon vivre que c'est le bonheur parfait. Et là, Eduardo, producteur d'orange, qu'est-ce qu'il fait ? Il sert à son fils un verre de jus d'oranges Tropicana. Alors qu'il y a des oranges fraîches (grosses comme des pamplemousses) sur la table et, qu'à deux pas, dans le verger, il y a des tonnes d'agrumes à presser !

Captures d'écran de la publicité Tropicana (D.R.).
Et là, je me dis : « Non mais quel con cet Eduardo ! Boire du jus d'oranges sorti du frigo alors qu'il a la chance inouïe de pouvoir, chaque matin, se presser un jus de sa production propre. »
On l'aura compris, le but de cette piteuse mise en scène est de délivrer le message : "Eduardo trouve que Tropicana, c'est bon puisque les oranges viennent de chez lui." Ah bon ? Eduardo, es-tu sûr que le Tropicana que tu as acheté en grande surface est fabriqué avec TES oranges ? Est-ce spécifié sur l'emballage ?
Bref, sans doute aucun, l'argument publicitaire est : Tropicana, c'est tellement délicieux, que même un "orangiculteur" se fait pas chier à faire son propre jus.

Le TAFTA : un tissu de conneries*

Maintenant, imaginez un accord commercial, signé par des politiques, qui obligerait Eduardo à boire du Tropicana. Une "loi" qui ferait que, un beau matin, Eduardo va cueillir des oranges, les presse et, alors qu'il s'apprête à boire ce nectar, un "flic" arrive, jette le verre à terre avec grand fracas et colle une amende à Eduardo pour "buvage de jus d'oranges interdit".
Plus encore. Imaginez que vous avez un cerisier dans votre jardin. Les merles ont laissé quelques burlats sur les branches et vous allez vous en délecter (des cerises, pas des merles ! Quoique...). Mais là, paf ! Un "flic" arrive et vous colle une amende pour concurrence déloyale envers les producteurs nord-américains d'airelles.
En exagérant immodérément, c'est là la finalité du traité transatlantique TAFTA (Trans-Atlantic Free Trade Agreement), que s'apprête à ratifier (ou pas, on espère) le prochain Parlement européen dont les membres sont élus ce dimanche 25 mai 2014 (date de l'élection en France).
Mais l'affaire est plus complexe. Les détracteurs du TAFTA sont considérés comme des anti-Europe. Pour vous faire une idée objective, n'hésitez pas à compulser ces liens :
Médiapart (Cécile Monnier)
Le Monde diplomatique (Lori M. Wallach)
Libération (Henri Weber)
... et à vous rappeler que GETA (Google est ton ami) bien qu'il ne faille pas croire tout ce que vous lisez sur Internet (ici compris).

(*) intertitre uniquement destiné à aérer le texte et à favoriser la SEO (optimisation pour les moteurs de recherche) avec un jeu de mots.

mercredi 21 mai 2014

un bricoleur vraiment occasionnel

Avis d'un internaute trouvé sur le site de Leroy-Merlin.


Ma question : en quoi est-il nécessaire de prévoir une sous-couche d'accrochage ? Pour mettre l'auge en élément décoratif au mur ?

mardi 13 mai 2014

le top des mecs qu'il faudrait pendre par les couilles jusqu'à ce qu'ils se dessèchent

1. L'inventeur du petit Caddie pour enfant


Photo non contractuelle D.R.
Bon, je comprends l'argument - enfin, je l'imagine (sexiste) : les petites filles aiment jouer à la marchande, les petits garçons ont l'impression de conduire un bolide. Et puis, en mettant à portée de leurs mains d'enfants de moins d'un mètre vingt des articles qui peuvent les fasciner, les mômes remplissent leur petit Caddie de trucs que les parents finissent par acheter sous peine d'une grosse crise de colère honteuse à la caisse.
Mais putain de bordel ! Le mec qui a inventé ces petits Caddies de mes deux, je le condamne à vie à se faire fracasser les genoux et les couilles ! Les mômes foncent avec leur petit chariot à la con, te rentrent dedans, hurlent... Déjà qu'on avait les vieux qui bouchent les allées en discutant avec d'autres vieux qu'ils n'ont pas vu depuis leurs dernières courses ! Et en plus, comme il y a dû y avoir des accidents - des mètres 80 qui n'ont pas vu venir le petit bolide, par exemple -, cet enfoiré d'inventeur a eu l'idée de munir le petit Caddie d'une espèce de drapeau dur sur tige en métal, histoire de crever un oeil en plus de casser les couilles.

2. Les concepteurs du jeu Fifa 14 (et Fifa 13 aussi, il paraît)




Tu aimes le foot ? Tu as envie de ressentir tout ce qu'a subi Rémi Garde (entraîneur de l'Olympique Lyonnais, NDR) pendant cette saison 2013-2014 ? Tu veux exploser ton matos à force d'être énervé par des décisions arbitrales toujours contre ton équipe ? Ou encore "reseter" une partie huit fois ? Sans compter les multiples bugs du jeu, les plantages réguliers, etc. Fifa 14 est fait pour toi. En revanche, il est fait par des gougnafiers qui seraient plus inspirés de sortir un jeu parfait tous les trois à cinq ans plutôt qu'une merde de trootball chaque année (deux quand il y a la Coupe du monde). Mais bon, tant que les gens achètent, ça se vend, hein...

3. Ceux qui décident de mettre du gravillon sur les routes l'été


Photo D.R.
Il paraît que, à l'approche de l'été, les gestionnaires du stock de gravillon se rendent compte qu'il reste des gros tas inutilisés et que s'ils veulent en avoir autant l'année suivante, il faut l'utiliser, sinon ils en auraient moins et ça pourrait manquer. Mais on n'y échappe pas : chaque été, dans toute la France, on s'éclate le pare-brise grâce à des gravillons qui ne servent à rien et surtout grâce aux cons qui roulent à plus de 50 km/h. Manquerait plus que ces "gestionnaires du gravillon" touchent des pots de vin de chez Carglass !

4. Le compositeur-parolier de la chanson anniversaire chez Buffalo Grill


Vous êtes peinard, assis dans un box chez Buffalo Grill, à déguster vos steaks de bison et d'autruche, quand, soudain...
Dans le même panier, j'ajoute le sagouin qui a eu la délicieuse idée de fabriquer une poupée qui chante A la volette (vidéo ci-dessous) et l'inventeur de la pile alcaline longue durée, l'abruti qui a inventé la pelle à tarte musicale qui serine Happy Birthday to you dès que tu la prends en main (en plus, ce n'est absolument pas ergonomique, NDR) et tous les enfoirés de leur race qui offrent un de ces articles à une gamine à Noël ou à un adulte pour son anniversaire.



(à suivre)

jeudi 8 mai 2014

Fleury Michon nous prendrait-il pour des jambons ?

En ce pas joli mois de mai 2014, Fleury Michon remet le couvert de son "jambon recette authentique", avec une publicité à laquelle il est difficile d'échapper sur le petit écran. Et à laquelle il est difficile de croire.



Comme c'est authentique, on nous sort la traditionnelle vitrine du début du XXe siècle (1905 est la date précisée par la pub), puis un homme, que nous identifions comme un chef cuisinier (avec le logo "Fleury Michon" brodé sur la veste blanche de cuistot), vaque dans une cuisine type restaurant à l'hygiène irréprochable en nous expliquant pourquoi qu'il est si bon, depuis plus d'un siècle, le jambon Fleury Michon.
Cet homme, c'est Laurent Marko, chef cuisinier recherche et développement chez Fleury Michon.
Verbatim de son discours : "En 1905, chez Fleury Michon, on prenait le temps de cuire lentement notre jambon dans un bouillon. C'est comme ça qu'on faisait le meilleur jambon charcutier. Et c'est toujours comme ça que l'on fait pour notre recette authentique. On le cuit lentement, dans un bouillon qui a du goût, riche en aromates, avec de bons légumes. Quand une recette est bonne, il n'y a pas de raison d'en changer."
Bon, hé, le coup de la tradition, avec la façade antique, la cuisine nickel et le jambon d'un seul bloc tranché manuellement, faut pas nous le faire : on est pas chez mon charcutier mais chez un géant de l'agro-alimentaire.
D'abord, la soi-disant boutique où est fabriqué le jambon nous est présentée ainsi...

Capture d'écran publicité Fleury Michon (D.R.).
... alors qu'en définitive, Fleury Michon, à Tilloy-lez-Cambrai (Nord), c'est plutôt de ce genre-là.

Document D.R.
Bref, c'est une usine, pas la boutique "vintage" de mon boucher-charcutier-volailler-tripier-traiteur.
Une recette forcément différente de celle de 1905
Ensuite, la pub tente de nous faire gober que notre jambon tout flotteux qu'on achète en barquette plastique au rayon frais du supermarché, il est fait dans une belle cuisine, un faitout par jambon, avec des bons légumes, que des cuistots cisèlent amoureusement.

Captures d'écran publicité Fleury Michon (D.R.).
Moui... Il faut déjà savoir qu'un jambon cuit est forcément réalisé à l'aide de plusieurs morceaux de jambons, de porcs différents, donc. C'est bien sous forme de pièces découpées (ci-dessous) que la viande arrive à l'usine Fleury Michon.

Photo La Voix du Nord.
Et là, le clou du spectacle : un jambon d'une seule pièce, que l'on passe manuellement à la trancheuse, le cuistot déposant délicatement chaque tranche sur une feuille de papier charcutier.

Captures d'écran publicité Fleury Michon (D.R.).
Alors là, comment vous dire ?.. Faisons comme saint Thomas : les deux photos ci-dessous vous aideront à comprendre.

Photo La Voix du Nord.
Ce premier cliché, ce sont des jambons "entubés", ce qui est, concédons-le, bien plus pratique pour enfiler dans l'orifice de la trancheuse industrielle - au passage, vous imaginez la taille du "faitout" pour faire cuire une telle pièce.

Photo Ouest France.
Cette seconde prise de vue, c'est la bécane qui dépose précautionneusement les tranches de jambon dans la barquette plastique thermoformée.
Bon, j'avoue, si on filmait les chaînes de l'usine agro-alimentaire pour vendre du jambon, ce serait beaucoup moins attrayant. Et puis, ça se trouve, même fabriqué industriellement, il est peut-être bon ce Fleury Michon recette authentique...
Authentique ? Vraiment ? Retrouvons Laurent "quand une recette est bonne, il n'y a pas de raison d'en changer" Marko dans ce reportage (diffusé sur France 5, la chaîne qui fait peur, chaque dimanche soir, avec ses enquêtes consommation) sur les méfaits du sel.



C'est pas moi qui le dit, c'est Laurent Marko ! Pour compenser le retrait de l'excès de sel dans la nourriture, on ajoute d'autres ingrédients pour donner du goût. Comme en 1905...