mercredi 26 mars 2014

Municipales 2014 : les vraies questions

Certes, ne le nions pas, cet entre-deux tours des municipales 2014 est largement dominé par le score du Front national et autres mouvances d'extrême droite (la Ligue du Sud de Jacques Bompard, par exemple) établi dimanche 23 mars. Lundi, la France s'est réveillée, révélée, découverte bleue tirant sur le marine.
A côté de ce nouveau 21 avril 2002, la bataille de Paris fait bien pâle figure et semble n'intéresser que les Parisiens.
Autre enseignement de ce scrutin : l'abstention - avec cette particularité que, selon des analystes très pointus, même le Front national n'a pas fait le plein de ses voix ! Inouï.
Au final, ce premier tour a été un cinglant désaveu pour le gouvernement (qui porte encore l'étiquette de) écolo-socialiste de François Hollande.
Mais j'ai beau zapper, zapper et rezapper sur les chaînes de télévision, les radios, etc., je n'ai pas encore trouvé une once de réponse à trois questions qui s'imposent après ce premier tour de scrutin municipal.

1. Un remaniement ministériel, pour quoi faire ?

Chaque fois que le pouvoir en place perd une élection, on y a le droit. C'est comme les journaux de presse écrite à la rentrée scolaire de septembre : faut tout changer, quitte à paumer le lectorat qui a ses habitudes et perdre des lecteurs qui ne s'y retrouvent plus. On change la forme mais pas le fond : ce sont juste les mêmes infos, rangées autrement.
En matière de gouvernement, à quoi sert un tel jeu de chaises musicales ? Si le ministre était mauvais à son poste, il fallait le dégager avant ! Et qu'est-ce qui me dit qu'il sera meilleur dans un autre ministère ? Et qu'est-ce qui me prouve que le nouveau sera plus compétent ? En définitive, les mêmes têtes, ailleurs, et d'anciennes têtes de retour.
Si ce gouvernement supposé de gauche n'a pas le courage politique de mener une réforme profonde de notre société, nous mettre Untel Premier ministre à la place de Telautre et redistribuer les maroquins est totalement vain. Un cautère sur une jambe de bois.
Perdu pour perdu, au lieu d'attendre la prochaine échéance présidentielle ou législative en serrant les genoux, autant mener une politique ambitieuse, nous foutre dans la merde profondément pour nous en sortir lentement (j'imagine) mais nous relever durablement. Prendre des mesures à long terme, en les expliquant bien : peut-être que les électeurs ne sont pas si cons que cela et laisseront le temps au temps, au lieu de survivre avec des mesurettes que l'on sait périssables.
Quand j'étais môme, à l'école, en matière d'économie, on apprenait qu'il y avait trois secteurs : le primaire - l'agriculture qui nourrit un pays -, le secondaire - l'industrie qui fabrique des produits manufacturés et permet aux ouvriers de vivre (certes, parfois chichement) de leur salaire - et le tertiaire - les services, les administrations, le putain de télémarketing qui fait chier sa race.
Où en sommes-nous aujourd'hui ? En simplifiant...
L'agriculture : les paysans produisent à perte mais survivent grâce aux subventions européennes (je schématise). Pendant ce temps-là, qui s'en fout plein les fouilles en profitant du travail harassant des paysans et du fric européen ? Les grandes surfaces dont le seul but est de faire du chiffre.
L'industrie : pas assez rentable en France, on délocalise là où les ouvriers sont moins payés et ferment leurs gueules (quoique, en Asie, ça commence à ruer dans les brancards). Le but ? Faire du chiffre pour rémunérer les actionnaires. L'investissement ? Euh... Mais où avez-vous vu qu'un pays, où les chômeurs sans le sou ne peuvent se payer les produits qu'ils fabriquaient jadis mais qui sont faits ailleurs désormais, est viable économiquement ? La suprême ironie étant que, dans les pays où les industries délocalisent, les ouvriers n'ont pas les moyens de se payer ce qu'ils fabriquent !
Les services : on a l'impression qu'il n'y a plus que ça en France - quoique ça délocalise aussi sévère dans le tertiaire privé. Moi, à l'école, j'ai appris qu'un pays qui "vivait" principalement du tertiaire, ça s'appelait un pays sous-développé - on dit "émergent", maintenant, ça fait moins pauvre.
Bref, tout cela entraîne un appauvrissement des populations, des flux migratoires, de la xénophobie dans les pays vers lesquels se dirigent ces flux, la montée du racisme et des partis nationalistes.
Le maître-mot est de remettre tout dans des proportions acceptables : autoriser des profits raisonnables, inciter à l'investissement sur le territoire national, réindustrialiser la France, permettre in fine au Smicard de se payer, parfois, du rêve et, chaque année, des vacances bien méritées. Le tout en ne tuant pas notre planète.
Putain, ça fait du boulot ! Mais j'ai jamais dit que ce serait facile.

2. Des listes élues à 100% des suffrages : personne ne tique ?

La nouveauté des municipales 2014, c'est la loi électorale, qui imposait aux communes de plus de 1000 habitants un scrutin de liste avec parité homme-femme (pour la parité noir-blanc, homo-hétéro, riche-pauvre, etc. va falloir encore attendre un peu).
A voté ! (copyright Le Tampographe Sardon)
Sachant que, en moyenne, dans les communes rurales, 40% des conseillers municipaux ne sont pas repartis et, qu'en plus, dans celles qui dépassaient à peine le seuil des 1000, il fallait, au minimum, huit hommes et sept femmes, je ne vous dis pas le casse-tête. Nombre d'électeurs n'avaient le choix qu'entre une liste et... rien. Et comme la loi électorale stipule qu'il suffit, dans ce type de commune, d'un seul et unique suffrage exprimé pour valider l'élection municipale, le grand rendez-vous civique a tourné au référendum local.
Le choix était donc réduit à : 1. s'abstenir 2. voter pour l'unique liste 3. voter non-exprimé (nul, blanc, enveloppe vide).
Au décompte final, seuls les bulletins exprimés comptent et on a vu tomber comme à Gravelotte, dimanche soir, des scores à 100%. Mieux que le référendum en Crimée (seulement 96,6%) !
Vous trouvez ça très démocratique, vous ?
Vous ne pensez pas que ça favorise l'abstention, vous, ce genre de non-choix ?
Il faudrait revoir la copie de cette nouvelle loi électorale. A minima, passer la barre des 1000 à 2500.
Même s'il restera toujours des exceptions, comme cette ville de plus de 10000 habitants dans laquelle une liste ne s'est pas montée faute de femmes. Ou comme ce village de la Marne, de 289 électeurs, non soumis à la parité, dans lequel, sur les trois candidats au premier tour, seuls deux ont été élus ; il faudra, au pire, sept élus de plus et, au mieux, neuf, au second tour, pour constituer un conseil municipal, sachant que ça ne se bouscule pas au portillon des candidatures.

3. Conseillers communautaires : on vote, vous êtes sûrs ?

Une autre nouveauté des municipales 2014 était que l'électeur désignait ses représentants au conseil communautaire. Un peu comme aux Etats-Unis d'Amérique où on vous fait un grand paquet, contenant le Président du pays jusqu'au shérif de sa ville.
On désigne, vous êtes sûrs ? En fait, de nouveau un référendum : dans les communes de plus de 1000 habitants, avec scrutin de liste, qui n'ont qu'un représentant au conseil communautaire, le candidat était forcément la tête de liste et futur maire (à moins de coup de théâtre lors de l'élection du maire et des adjoints, ça s'est déjà produit). C'est donc un candidat imposé ; on donne son aval... ou pas. Et si on raturait le candidat (ou la candidate, plus rarement), tout le bulletin, sur lequel se trouvait aussi la liste pour le conseil municipal, devenait nul (vote non exprimé).
Quelle poudre aux yeux. Nous faire croire qu'on choisit.
Le vrai choix aurait été qu'on puisse voter pour tous les représentants au conseil communautaire, avec des listes politisées ou non, qu'on aurait pu panacher (bon, OK, bonjour le bordel du dépouillement).
Je m'explique.
Prenons le cas d'une communauté de 78 (au hasard) communes dont le conseil est composé de 119 membres (presque au hasard). Au conseil communautaire, quand il s'agit de prendre des décisions, la majorité absolue est donc, algébriquement, de 60.
Il s'avère que la ville principale de cette communauté a 26 sièges. Que sa banlieue, deuxième ville, en a 9. Que d'autres communes, historiquement dans la première communauté, totalisent 20 sièges. Cela nous fait 55 à bouffer au même râtelier depuis quelques années.
Maintenant, que pèsent les treize communes qui ont rejoint récemment cette communauté, avec leurs 13 voix face à l'armada de 55 ? Pas grand chose. Il est plus facile de trouver 5 sympathisants que 47 quand il s'agira de refiler la gestion de l'eau à une entreprise privée, qui quadruplera le prix du mètre cube.
Le vrai choix, pour l'électeur, aurait été de voter pour une liste de conseillers communautaires avec un programme ad-hoc pour les 78 communes.

lundi 17 mars 2014

Fouette Cochet !

Yves Cochet et les voitures polluantes (photos D.R.).
Ce midi, j'ai entendu Yves Cochet (Europe écologie - Les Verts), ex-ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement (juillet 2001-mai 2002), réclamer une augmentation des taxes sur le diesel au prétexte que ce sont les véhicules qui roulent au gazole qui polluent et tuent des gens.
Voyons un peu comment concevoir un raisonnement qui mènerait à une telle décision.
En augmentant les taxes, le prix du litre de gazole grimpe, se rapproche du prix du litre de super sans plomb et cela inciterait donc les automobilistes à acheter des voitures à essence plutôt que des véhicules diesel - des bagnoles, soit dit en passant, qui coûtent déjà plus chères à l'achat que des caisses à essence.
Donc, on règle le problème de pollution en prenant du fric à l'automobiliste, qui a soudain une prise de conscience au porte-monnaie.
Ce même automobiliste à qui on serine, depuis des lustres, d'acheter un diesel parce que c'est mieux qu'une essence. Qui, malgré le tarif des véhicules diesel et la réduction de l'amplitude de prix entre un litre de gazole et un litre de super sans plomb (une fausse idée répandue, voir tableau ci-dessous), continue - embobiné qu'il est par le commercial de sa concession (le mec qui t'appelle tous les trois ans, au mois de novembre, parce qu'il veut te refourguer une caisse neuve pour faire son chiffre, NDR) - d'acheter un diesel plutôt qu'une essence parce que, s'il fait tant de kilomètres par an (quoique, chaque année, ce kilométrage "rentable" soit chaque fois revu à la hausse par cet enfoiré de commercial de la concession auto, NDR), c'est plus rentable même si le litre de gazole est à 1,30, 1,35, 1,50...

(Source : http://france-inflation.com/graph_super.php)
Yves Cochet pense donc que si on augmente le prix du diesel à la pompe, les gens vont acheter des voitures essence (et si non, de toute façon, ça fera toujours des sous de plus dans le budget de l'Etat, NDR).
Aparté : tout comme les ministres de la Santé successifs font croire qu'augmenter le prix du tabac permet une baisse significative du nombre de fumeurs et, par ricochet, de cancers tabagiques. On y a cru. Alors qu'en définitive, c'est une alternative, moins chère pour le fumeur, proposée à la place du tabac, qui a fait baisser la consommation de cigarettes : la e-clope.
Seulement voilà. Je sais compter - surtout ce que je n'ai plus dans la poche - et ne suis pas le seul.
D'un baril de pétrole brut, nos raffineries françaises extraient 27% de gazole et 22% d'essence.
Pour l'essence, c'est bon, on en a tellement qu'on l'exporte - j'ai même entendu quelque part que si l'automobiliste pouvait acheter du super au prix où il est exporté, il verrait son pouvoir d'achat faire un putain de bond.
En revanche, pour le diesel, on est obligé d'importer (de l'ordre de) 30% de la consommation française.
Voici venir, alors, la solution alternative que je propose au problème de pollution mortelle soulevé par Yves Cochet : puisqu'on produit trop d'essence, gardons-la, baissons le prix du super à la pompe, mettons-le au même niveau que le prix du diesel voire en-dessous. Les automobilistes se sentiront doublement incités : c'est moins cher et ça pollue moins !
Ah, bien sûr, les constructeurs d'automobiles vendront moins de véhicules diesel, feront moins de chiffre. Le lobby ne sera pas content du tout... Mais ce n'est pas grave, on leur fait confiance pour augmenter le prix des véhicules essence.
Ah évidemment, les caisses de l'Etat vont moins se remplir de taxes sur le carburant... Mais faut savoir ! Les politiques veulent nous sauver d'une mort affreuse par asphyxie ou se remplir les fouilles comme des enfoirés de capitalistes ?
En attendant, cher Yves Cochet, tant que cela me coûtera trois fois plus cher de prendre le train que ma bagnole, je continuerai d'aller à Paris en diesel. Désolé : ma conscience écologique a pour frontière mon compte en banque.

Sources : http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/structuration-des-prix-de-l-essence-et-du-gazole-france
http://www.linternaute.com/science/environnement/comment/06/raffinerie/raffinerie.shtml
http://prixdubaril.com/news-petrole/4270-france-la-forte-hausse-des-carburants-ne-sortira-pas-raffinage-crise.html
http://www.usinenouvelle.com/article/le-probleme-des-raffineries-francaises.N126811

mercredi 12 mars 2014

Bon sang, Marty !

Non, non, il n'y a pas d'erreur : le survol de la commune s'est bien effectué du 24 au 15 mars...

... comme le prouve cette photo absolument pas truquée (en tout cas, si elle l'est, le montage est drôlement bien fait, NDR) : c'était bien un hélicoptère DeLorean DMC-12 qui était chargé de l'opération.

P.S. : bon sang, Marty ! Nous sommes le 12 mars : comment est-ce possible d'avoir déjà une photo d'un survol qui commencera le 24 pour se terminer le 15 ?

samedi 8 mars 2014

Parité, poil aux nénés !

En cette Journée mondiale de la femme, reprenons la plume virtuelle pour évoquer un sujet d'actualité brulante : la loi sur la parité en politique.
Quelle foutaise !
Déjà, cette parité ne s'applique qu'aux communes de plus de mille habitants : mesdames, si vous voulez être l'égale des hommes, n'allez pas vivre dans un bled paumé.
Ensuite, c'est une parité subjective puisque conçue pour l'imparité : les conseils municipaux se composent, en effet, d'un nombre impair de membres, afin d'éviter les conflits en cas de partage égal des voix lors des votes en séance (sauf que s'il y a autant de votes pour que contre plus un nombre impair d'abstentions, c'est la merde, NDR). Donc, qui dit impair dit un homme - ou une femme mais c'est bien plus rare - de plus sur la liste. Ce qui implique que, en toute logique mathématique, cette parité des sexes n'en est pas une !
Bon, cessons de finasser et passons aux travaux pratiques, avec des informations de sources sûres issues directement du terrain des municipales 2014 - enfin, dans mon département provincial, assez rural mais dont une sous-préfecture est toujours prise comme test national par les instituts de sondages.
Postulat : pourquoi voter une loi
pour obliger à un truc
qui devrait s'imposer de bon sens ?
Si les femmes voulaient s'impliquer davantage dans la vie politique, elle le ferait. Bon, vous allez me dire : "Les hommes les en empêchent." Cela me semble un raisonnement technocratique tout droit venu des instances de la capitale, déconnectées des réalités de terrain de la France profonde. Mais il y a du vrai. Si on rend cette affirmation plus positive, la transformant en : "Les hommes les y autorisent."
Dans mon département, je connais le maire (depuis 1995) d'une commune de sept cents habitants (donc non soumise à la loi sur la parité en politique, NDR), qui n'a pas eu de problème pour composer sa liste en alternant huit femmes et sept hommes. Parce qu'il a eu la volonté, depuis ses débuts comme premier magistrat, de respecter une parité en allant à la pêche aux candidates, en confiant bien souvent les rênes de la commune à sa compétente première adjointe, en privilégiant la représentation de tous ses hameaux dans l'assemblée municipale. Une volonté politique. De bon sens. Cependant, cette commune reste un cas unique dans mon département de résidence.
Car, pour ces municipales 2014, nombre de villages et villes se heurtent à deux écueils : la pénurie de vocations combinée au manque de femmes voulant s'impliquer dans la gestion de la commune.
Rien que pour le premier tour, il manquera des candidats dans dix-sept communes, qu'il faudra trouver pour le 30 mars.
Quant à la parité obligatoire dans les communes de plus de mille habitants, elle a fait des ravages, aussi bien en campagne que dans les agglomérations.
Pour commencer, dans certains conseils municipaux composés d'onze mâles et de quatre femelles (gros maximum trouvé lors des précédentes municipales, NDR), le maire sortant a été obligé de dire "merci à trois d'entre-vous d'avoir levé la main pour voter les décisions pendant six ans mais maintenant, vous dégagez, parce qu'il faut que je trouve trois meufs à votre place et ça va pas être coton !" Résultat des courses : une seule liste en présence dans nombre de communes, la liste concurrente s'étant heurtée au même problème de chercher la femme. Bonjour la démocratie ! Les électeurs réduits à voter pour ou contre, point barre.
Parité : pas chez les moins de 1000,
pas au sein du conseil municipal
Et après ? Au sein du conseil municipal, parité respectée ? Non, pas obligatoire. Ce n'est pas parce que Mmes Machin et Bidule sont deuxième et quatrième de liste qu'elles seront respectivement première et troisième adjointes. Polop, polop. Des bonnes femmes, d'accord mais leur filer des responsabilités avec les indemnités afférentes, faut pas pousser.
Sauf dans cette commune de mille soixante habitants, pas très loin de celle évoquée plus haut où la parité est strictement respectée : le maire - qui est soit un con (et donc ne mérite pas d'être à la tête de la commune, NDR), soit un enfoiré fini - a dit à deux de ses adjoints qu'ils ne le seraient plus car la loi l'obligeait à donner les postes à deux femmes. Au final, un des adjoints ne se représente pas et l'autre accepte cette décision avec rancoeur.
En conclusion, je citerai cette phrase d'un de mes anciens patrons, en l'an 2000 : "L'égalité des sexes sera une réalité quand une femme incompétente occupera un poste ministériel d'importance", affirmait-il, avant d'ajouter, malicieusement : "C'est fait : Guigou est garde des Sceaux."
Depuis, on a eu Roselyne Bachelot, Nadine Morano...