mardi 26 mars 2013

Chère Déborath Blondel,

Si je t'écris aujourd'hui, c'est parce que cela fait plus de cinq mois que je n'ai pas de tes nouvelles et, aujourd'hui, je me languis.
Ce 22 octobre 2012, à l'issue de la vingtaine de minutes imposée par le "speed dating" auquel, chère Déborath Blondel, tu m'avais convié, tu m'avais promis, écrit noir sur blanc (ce qui, avouons-le, économise les cartouches couleur de ton imprimante) : "Nous convenons que nous aurons un nouveau contact en fin janvier par téléphone".
J'aurais dû, chère Déborath Blondel, avoir la puce à l'oreille, me douter que ce "en fin janvier" à la syntaxe quelque peu défaillante n'augurait rien de bon pour nos relations futures. Pourtant, nous nous étions quittés plein d'espoir, toi pour mon avenir et moi de te revoir ; j'ai même souvenir d'avoir susurré du bout des lèvres un : "A l'année prochaine, donc".
Et puis voilà qu'hier, un ami commun - appelons-le, chère Déborath Blondel, Jean-Marc A. - m'apprend que nous pourrions nous rapprocher, vivre côte-à-côte des journées entières (1). Mais comment te joindre ? Je n'ai, dans l'empressement de ce 22 octobre, pas pris la peine de te demander un numéro de téléphone ou une adresse e-mail.
Qu'à cela ne tienne, me suis-je enthousiasmé, ce matin : Internet, ce n'est pas fait pour les chiens - comme se plaisait à répéter ma grand-mère, qui est, hélas, décédée bien avant cette révolution numérique.
J'ai donc, chère Déborath Blondel, entré ton patronyme dans Google. Quelques réponses sur facebook mais ton prénom et les photos de profil ne coïncidaient pas.
J'ai alors ajouté le nom de la ville dans laquelle nous avions fait connaissance. Rien de plus. J'ai persisté en tapant dans le champ de recherche le nom de l'entreprise dans laquelle tu travailles. Toujours rien.
Audace ultime, j'ai recherché strictement "Déborath Blondel" et là... que dalle ! Rien de rien de rien. Ou tu préserves sévèrement ton e-réputation (2), chère Déborath Blondel, ou, ce 22 octobre, j'ai vécu une expérience paranormale en rencontrant un fantôme de sexe féminin.
Ou... Déborath Blondel est un pseudonyme.
Et me voilà bien emmerdé.
Parce que, Déborath Blondel, vous êtes ma conseillère attitrée à Pôle-emploi et je voulais vous demander s'il y avait une possibilité pour moi de décrocher un des deux mille CDI annoncés hier par le Premier ministre, si j'avais le profil, si, enfin, après presque quatre années de chômage et sans aucune ressource depuis bientôt deux ans, j'allais voir la lumière au bout du tunnel.
Ne me reste plus, comme possibilité, de dépenser des sous en carburant pour me pointer directement à mon agence Pôle-emploi, de faire le pied de grue (1) et d'espérer ; parce que je pense que téléphoner au 3949 (tarif variable) ne pourra qu'occasionner un énervement supplémentaire et qu'envoyer un fax ne me donne aucune garantie, chère Déborath Blondel, que vous le réceptionniez.
Je ne vous embrasse pas, chère Déborath Blondel, parce qu'en fait, nous ne nous connaissons pas assez.

P.S. : je sais bien, chère Déborath Blondel, que vous n'y êtes pour rien dans la politique administrative déshumanisée de Pôle-emploi, que vous êtes surbookée avec le suivi de vos trop nombreux dossiers de demandeurs d'emploi. Je ne vous en veux donc pas personnellement. J'espérais juste que vous seriez plus disponible et efficace que mes trois ou quatre (dont au moins deux boulets) conseillères emploi précédentes. Pour la disponibilité, un contact en plus de cinq mois. J'attends encore pour juger de votre efficacité.

(1) Enfin, du lundi au vendredi, de 8h45 à 16h45, sauf jeudi (12h45) et vendredi (15h45).
(2) Désormais, à cause de ce billet dans lequel votre patronyme est cité douze fois, vous existez sur la toile mondiale.

1 commentaire:

  1. En même temps, ça doit pas être facile tous les jours chez Pôle-emploi. Je sais qu'il y a des conseillers qui ne se contentent pas de pointer et se désespèrent de ne pouvoir venir en aide aux demandeurs. Ils sont aussi confrontés à des personnes en détresse qui ne voient qu'un suicide spectaculaire (immolation par le feu à Nantes, même menace à Angoulême) pour envoyer un message fort.
    Ce qui ne sert strictement à rien ! Mourir spectaculairement vous donnera un quart d'heure de célébrité posthume et basta. Nous sommes à l'ère de l'information Kleenex-PQ : on utilise, on jette, on passe à autre chose.
    Même le "pétage de plomb" du conseiller emploi d'Aubigny-sur-Nère (Cher) a eu un faible retentissement ; enfin, d'un point de vue national parce que pour ce conseiller-là, je sens que l'avenir va être de venir pointer chez ses ex-collègues.

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