jeudi 22 mai 2014

Eduardo et le traité transatlantique



Cette publicité Tropicana m'a toujours paru d'une absurdité évidente - comme nombre de pubs, il faut bien le concéder.
Celle-ci, en particulier, met en scène un prénommé Eduardo, visiblement arboriculteur de son état (à moins que ce ne soit un acteur), qui cultive, depuis quinze années, des oranges à jus pour la société Tropicana.
On voit Eduardo vaquer dans son verger au petit matin (ce que laisse penser la lumière rasante du soleil), au milieu des orangers chargés de fruits que des cueilleurs récoltent.
Bon, on ne s'arrêtera pas sur le fait que, normalement, c'est plutôt Bill le patron et Eduardo, l'émigré illégal ouvrier saisonnier...

Captures d'écran de la publicité Tropicana (D.R.).
On sent qu'il les aime fièrement, Eduardo, ses orangers, qui produisent de magnifiques agrumes, gorgés de jus et de soleil - d'ailleurs, Eduardo n'hésite pas à scalper une orange au hasard pour montrer comment qu'elle dégouline de jus qu'il est bon. Et que ses oranges sont un produit exceptionnel.

« Quel con cet Eduardo ! »

Changement de décor : un petit-déjeuner en famille sur la terrasse ensoleillée où il fait bon vivre que c'est le bonheur parfait. Et là, Eduardo, producteur d'orange, qu'est-ce qu'il fait ? Il sert à son fils un verre de jus d'oranges Tropicana. Alors qu'il y a des oranges fraîches (grosses comme des pamplemousses) sur la table et, qu'à deux pas, dans le verger, il y a des tonnes d'agrumes à presser !

Captures d'écran de la publicité Tropicana (D.R.).
Et là, je me dis : « Non mais quel con cet Eduardo ! Boire du jus d'oranges sorti du frigo alors qu'il a la chance inouïe de pouvoir, chaque matin, se presser un jus de sa production propre. »
On l'aura compris, le but de cette piteuse mise en scène est de délivrer le message : "Eduardo trouve que Tropicana, c'est bon puisque les oranges viennent de chez lui." Ah bon ? Eduardo, es-tu sûr que le Tropicana que tu as acheté en grande surface est fabriqué avec TES oranges ? Est-ce spécifié sur l'emballage ?
Bref, sans doute aucun, l'argument publicitaire est : Tropicana, c'est tellement délicieux, que même un "orangiculteur" se fait pas chier à faire son propre jus.

Le TAFTA : un tissu de conneries*

Maintenant, imaginez un accord commercial, signé par des politiques, qui obligerait Eduardo à boire du Tropicana. Une "loi" qui ferait que, un beau matin, Eduardo va cueillir des oranges, les presse et, alors qu'il s'apprête à boire ce nectar, un "flic" arrive, jette le verre à terre avec grand fracas et colle une amende à Eduardo pour "buvage de jus d'oranges interdit".
Plus encore. Imaginez que vous avez un cerisier dans votre jardin. Les merles ont laissé quelques burlats sur les branches et vous allez vous en délecter (des cerises, pas des merles ! Quoique...). Mais là, paf ! Un "flic" arrive et vous colle une amende pour concurrence déloyale envers les producteurs nord-américains d'airelles.
En exagérant immodérément, c'est là la finalité du traité transatlantique TAFTA (Trans-Atlantic Free Trade Agreement), que s'apprête à ratifier (ou pas, on espère) le prochain Parlement européen dont les membres sont élus ce dimanche 25 mai 2014 (date de l'élection en France).
Mais l'affaire est plus complexe. Les détracteurs du TAFTA sont considérés comme des anti-Europe. Pour vous faire une idée objective, n'hésitez pas à compulser ces liens :
Médiapart (Cécile Monnier)
Le Monde diplomatique (Lori M. Wallach)
Libération (Henri Weber)
... et à vous rappeler que GETA (Google est ton ami) bien qu'il ne faille pas croire tout ce que vous lisez sur Internet (ici compris).

(*) intertitre uniquement destiné à aérer le texte et à favoriser la SEO (optimisation pour les moteurs de recherche) avec un jeu de mots.

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